La décision de changer le nom du festival «Les Musiques Vagabondes » en «Louis Kentner» n'est pas le simple choix d’emprunter le nom d’un célèbre et important musicien mais bien de rendre hommage à cet homme pour trois raisons très importantes.

 

Tout d’abord, il a étudié le piano avec Arnold Szekely (élève d'István Thomán, l'un des étudiants préférés de Franz Liszt) et la composition avec Leo Weiner et Zoltan Kodály ; il était également très proche de Bela Bartók - il a donné d'importantes premières de certains concerti pour piano du grand compositeur sous la direction d'Otto Klemperer et d'Adrian Boult.

Deuxièmement, l'influence directe et indirecte qu'il a exercées sur les musiciens de notre festival. En tant que beau-frère de Yehudi Menuhin, Louis Kentner a non seulement joué et enregistré avec Menuhin, mais il est aussi venu régulièrement enseigner et jouer avec les élèves de son école. L'un de ces élèves était Boris Kucharsky, bien connu de ceux qui ont assisté aux deux dernières éditions du festival. Kentner a encadré le jeune violoniste, jouant à ses côtés la sonate pour violon et piano Op.78 de Brahms, que Boris rejouera lors du concert final du festival. La salle dans laquelle Kentner enseignait à l’école, aujourd'hui rebaptisée « salle Kentner » est la salle dans laquelle Boris enseigne aujourd'hui, et dans laquelle nous, musiciens du festival, qui avons étudié à l'école Yehudi Menuhin, avons appris de Boris.

Troisièmement, il y a l'art apparemment impossible de la musique de cet homme. Ces sons, qui vont du lyrisme et de la tendresse les plus intenses à l'expression violente de la rage et de la peur, semblent presque provenir d'un autre instrument - on se demande comment il est possible que ce soit le simple résultat d'un homme jouant du piano. Néanmoins, la virtuosité époustouflante de Kentner et son amour pour la magie de l'illusion du piano ne l'ont jamais conduit à négliger le message de la musique. Sa compréhension intellectuelle de la partition n'a rien à envier à celle des plus grands musiciens. C'est pour ces raisons que nous rendons hommage à cet homme, et j'espère que vous assisterez à ma présentation le vendredi 29 août et à celle de Bruno Monsaingeon le samedi 30 août, où nous espérons sensibiliser le public à l'art de ce grand homme.

Hugo Haag